Search_Bar #2 : une exposition de l’ECOLAB
Du 8 octobre au 3 décembre 2021
Galerie de l’ÉSAD et Théâtre d’Orléans

Search_Bar #2 est la deuxième exposition de l’ECOLAB à Orléans. On y retrouve les thématiques abordées par l’unité de recherche de l’ÉSAD Orléans : le design du temps, l’édition transmédia, le design de la transition, la sculpture des données.

À la Galerie de l’ÉSAD, le programme de recherche Édition Média Design explore les relations entre la narration, le jeu et l’édition. 

Au théâtre, le programme de recherche Blockchain in Média se penche sur l’imaginaire des blockchains, dont celle du Bitcoin. Il cherche aussi à les détourner soit en imaginant une blockchain fonctionnant au rythme des marées soit en utilisant une blockchain pour fabriquer une police de caractères.

Le programme de recherche Liga s’attache à concevoir une micro-architecture réversible prenant en compte le milieu de son implantation et les interactions entre les différents êtres peuplant le fleuve Loire. 

Le programme de recherche Objects, Crafts and Computation mobilise les données du réseau pour créer des sculptures ou des objets.

Moment de ponctuation après un mois de workshops, Search Bar #2 est à la fois un aboutissement et une étape pour l’année à venir, un témoignage de la vitalité et de l’audace de la recherche en art et en design aujourd’hui.

Blockchain in Média (B.I.M.)

Imaginaires du Bitcoin

À la racine de certaines technologies radicales, il n’y pas seulement une application pratique mais souvent des fantasmes bien plus vastes et des idéologies puissantes. C’est le cas de la crypto-monnaie bitcoin, dont le Livre blanc fondateur est publié le 31 octobre 2008, une nuit de Halloween, par l’énigmatique Satoshi Nakamoto, au sommet de la crise financière mondiale. Cette monnaie décentralisée, de pair-à-pair, qui naît dans un contexte de défiance généralisé, devait permettre d’outrepasser les États comme les banques.

Le workshop s’attelle à cartographier les différents courants idéologiques et politiques – parfois contradictoires – et leurs ramifications, qui sous-tendent la création de cette monnaie numérique et de l’architecture qui la supporte, la blockchain.

S’y croisent des mouvements comme les cypherpunks, qui s’élèvent contre les gouvernements intrusifs, les libertariens et anarcho-capitalistes qui anticipent un effondrement imminent de l’Etat au profit d’un ordre spontané du marché ou encore les Extropiens, qui pensaient, grâce à cette monnaie, débrider l’innovation et vivre éternellement.

Blockchain graphique / typo variable

Atelier mené avec Cyril Makhoul

Afin que les processus de calcul et d’archivage de la blockchain ne restent pas dans une boîte noire inaccessible à la compréhension humaine, il peut s’avérer pertinent de chercher à les rendre visible à l’aide d’outils graphiques. Partant de l’idée du programme de recherche sur une chaîne de blocs indexée aux marées, l’atelier a été l’occasion de concevoir des fontes variables et de les lier aux variations de la marée à partir de données récoltées  en direct près de Saint-Nazaire. Ces formes dynamiques ont été confrontées à différentes informations et données issues de blockchains comme l’Ethereum ou le Bitcoin, pour offrir des photographies de leur activité technologique sur une période donnée ou en direct. L’atelier a également été l’occasion d’interroger le potentiel ornemental de codes chiffrés, à l’instar du système de notation numérique médiéval cistercien qui a inspiré nombre des pistes graphiques présentées.

Cyril Makhoul est designer graphique indépendant.

Energie et matérialités

Atelier mené avec Grégoire Lauvin.

À mesure que les cryptomonnaies gagnent en popularité, l’impact énergétique du bitcoin est régulièrement questionné. La sécurité et l’immutabilité des transactions est garantie par la « Preuve de travail » ; elle prend la forme d’une compétition cryptographique dénommée « minage ». Cette opération qui mobilise une grande puissance de calcul est fortement consommatrice d’électricité. Elle est exécutée par des « mineurs » qui sont en concurrence pour valider les blocs. La création de chaque bloc conduit à l’émission d’un nombre fixe de bitcoins qui récompensent les mineurs. Pour « miner » des coins, c’est-à-dire générer de nouvelles pièces, il faut donc dépenser de l’énergie.

Grégoire Lauvin a dessiné et entrepris de réaliser une machine, Puissance, qui récupère la chaleur produite par un ordinateur qui mine du bitcoin. Cette chaleur, déchet du processus, est transformée en mouvement par un moteur Stirling et active une boîte à musique jouant l‘Internationale, l’hymne des « travailleurs », faisant écho à l’utopie d’une appropriation des moyens de production de la monnaie par le peuple.

Durant ce workshop, les participants ont été invités à imaginer des déclinaisons de machines mettant en lumière cette consommation énergétique, à partir du prototype développé par l’artiste.

Grégoire Lauvin est artiste.

Genesis Blockchain Archive

Conçue intégralement par le programme de recherche en 2021, la Genesis blockchain, exposée à plusieurs reprises, est installée de manière à servir à la fois d’archive et d’outil d’expérimentation pour certains projets.  

La spécificité de la Genesis Blockchain réside dans son indexation sur une unité temporelle alternative : le cycle des marées déterminé par la rotation de la Terre et l’attraction du soleil et de la lune.

Les prévisions de marées avec les constantes harmoniques ont également été mises à jour pour cette exposition.

Édition Média Design

Deck of Cards

Justine Coirier, Mathilde Goncalves, Estelle Hericher, Amélie Squivée, Nicolas Tilly, Ella Tudoret, Enola Viry

De la cartographie chère à Borges à l’art des cartes à jouer de nos jeux familiers, il n’y a qu’un pas. Ce projet se donne pour objet de questionner le jeu de cartes comme objet de transition entre la création graphique et la mise en place de nouveaux concepts ludiques et narratifs. Il explore les potentialités d’hybridation de l’objet imprimé et de l’écran qui sont mises en perspective à travers l’imaginaire des cartes. L’élaboration de nouvelles règles, la narration construite par le joueur et la réinterprétation graphique de jeux populaires font partie des axes de recherches développés au fil de quatre propositions différentes. Il s’agit tout autant d’imaginer des processus d’interactions entre numérique et imprimé (élaboration de règles), de créer de nouveaux univers visuels et graphiques, que de sortir de l’écran pour manipuler des formes et des objets. Le joueur est ainsi invité à créer son propre récit à l’aide de cartes se combinant à l’infini ou à commencer sa collection de cartes NFT (Non Fongible Token, jetons numériques qui permettent de vendre des œuvres sur Internet) …  

Oxyde de fer

Leslie Astier, Adrien Bisecco, Maguelone Faivre d’Arcier, Lou-Ann Pigearias, Pauline Stein

Oxyde de fer est un jeu de plateau contemplatif en réalité mixte qui propose de parcourir un univers de fiction de manière ludique. Composé de pièces hexagonales, ce plateau se joue à la manière des dominos. La joueuse ou le joueur va assembler les pièces pour révéler un territoire évoquant l’univers du cyberespace. À mesure de ces assemblages apparaissent des QR Codes qui, scannés à l’aide d’un smartphone, invitent à découvrir des fragments narratifs inspirés de l’univers des cyborgs. Ces propositions narratives et poétiques explorent à leur façon des enjeux de société contemporains à travers des fictions tissées à plusieurs mains.Oxyde de fer peut se jouer seul ou à plusieurs, le nombre de joueurs ou de joueuses détermine la vitesse du jeu. L’objectif est de créer une déambulation et d’amener à une prise de conscience des enjeux du Manifeste Cyborg de Donna Haraway chez la joueuse ou le joueur. Le jeu s’arrête lorsque vous ne pouvez plus ajouter de pièces sans mettre en péril l’harmonie du plateau.

Monolithes

Jessy Asselineau, Clément Bournas, Tatiana Chatellier, Yoan Lapègue, Avoko Rakotoarivony

Monolithes est un jeu de construction inspiré de la forme des blockhaus du mur de l’Atlantique. Il est composé de différents blocs à assembler pour reconstituer l’un de ces bâtiments. Poursuivant l’archéologie des bunkers de Paul Virilio, ce projet explore l’histoire de ces vestiges, fragments de paysages qui sont aujourd’hui à la fois espaces de jeux et de mémoire. Ces structures se sont au fil des années retournées, érodées et déplacées vers l’océan, passant d’architectures imposantes à des figures singulières ponctuant le relief des côtes françaises. C’est cette métamorphose et l’altération par l’action du temps et des marées qui est ici mise en scène. 

Le jeu se compose de différents monolithes de béton que les joueuses et les joueurs peuvent assembler et ré-assembler afin de retrouver la forme initiale du bâtiment. De la manipulation de ces blocs dans le temps dépend le dévoilement du récit. Il propose un voyage au sein de ces espaces fracturés via la réalité augmentée.

Liga

Un périmètre d’étude  

La lecture du paysage a donné lieu à un atelier mené par Clémence Mathieu. L’arpentage et l’observation s’est faite à l’échelle du périmètre d’étude, du centre de la Métropole jusqu’à la limite ouest de la Réserve naturelle, et du lit mineur vers le lit majeur. La carte au 1/10 000e (1cm=100m) souligne la topographie et les lignes de force du paysage : coteaux, emprise urbaine, îles, levée de Loire, plaine alluviale agricole, confluence du Loiret et de Loire, infrastructures telles que ponts, lignes électriques… De fait, cela met en évidence les interactions entre le milieu et les activités humaines. Cette carte est enrichie de dessins de sections du périmètre, qui donnent à voir ces coexistences sur un autre mode. Sur le modèle de la carte IGN, une série de cartes dépliées au 1/1000e (1cm=10m) présente une portion du périmètre aux abords du terrain de Gobion. Elles portent des indications relatives aux interactions entre les vivants grâce à un système de représentation subjectif.

Un site d’expérimentation : Gobion

Réalisée à la mine graphite, la coupe du terrain au 1/100e (1cm=1m) – du lit mineur jusqu’aux habitations sur le plateau – révèle la « zone tampon » que représente le Gobion entre la Réserve et l’espace urbanisé. Cette représentation met l’accent sur la présence de réalités et pratiques au cœur du site d’étude : traces du GR3, constructions de villégiature, pratiques de loisirs riveraines, présences motorisées, limite nord de la Réserve… L’attention est également portée à la variété des arbres (endémique, exotique…) et la nature des sols très anthropisés. Le plan superpose une analyse classique (accès et cheminements, ensoleillement, orientation des vents, emplacement du bâti et des arbres…) à une lecture des co-présences identifiées par les étudiants en charge des peuples de Loire : animal, plante, fungi, etc.

Des scénarios d’usages

Le programme de recherche Liga a pour objectif de redéployer notre relation au vivant, tout en sachant qu’il faudra « négocier des formes de vie commune », comme l’indique le philosophe Baptiste Morizot. Dans cette perspective, le site de Gobion, utilisé aujourd’hui par la commune de La Chapelle-Saint-Mesmin pour l’accueil estival d’enfants et de jeunes adolescents en centre de loisirs, pourrait constituer un point d’entrée vers cette mise en relations. Le choix d’une réflexion sur une micro-architecture apparaît dès lors comme un vecteur possible. La recherche de scénarios d’usages permet de mettre en exergue les différents éléments d’un programme destiné à ressentir (voir, entendre, toucher, etc.), prendre conscience des interdépendances, engager une réciprocité, favoriser les conditions d’une diplomatie. Ils explorent aussi les situations, les acteurs et les activateurs potentiels de ce dispositif, humains et non-humains.

Recherche mises en forme

Aujourd’hui, la recherche est au stade de l’esquisse, amorce dans l’élaboration du projet de design. Au terme d’un temps de discussions nourries des observations, les étudiants destinent cette micro-architecture à plusieurs usages ; bivouaquer, se mettre en situation d’attention, être à l’écoute, se réunir, se rassembler avec pour horizon de tisser des liens pour faire monde commun. Il s’agit bien, non de construire, mais de s’interroger sur le faire puis sur les moyens à adopter. La nature du site de Gobion (inconstructibilité, zone inondable) autant que la volonté d’intervenir de manière légère, conduisent à envisager un dispositif réversible. Une des conditions premières de cette recherche en cours.

Objects, Crafts and Computation

DATA_vessel – Hyper-objet funéraire

Olivier Bouton, Caroline Zahnd et le programme de recherche Objects, Crafts and Computation

DATA_vessel est un monument funéraire prospectif dont la forme unique est déterminée par des données propres au défunt. Il est composé de trois éléments : un oya imprimé en céramique microporeuse, une urne cinéraire imprimée dans un matériau biosourcé et biodégradable ainsi qu’une pierre tombale formée par fraisage numérique. C’est un objet transformatif qui agit à la fois sur le milieu social qui en a l’usage en déterminant de nouvelles formes rituelles mais aussi sur le milieu environnemental avec lequel il est en interaction.

Après la crémation, l’urne et l’oya assemblés sont inhumés. La pierre tombale vient clore le dispositif au sol. Un arbrisseau endémique du territoire est planté à proximité de la sépulture puis l’oya est rempli d’eau pour l’irriguer. À terme, l’urne va se dissoudre par l’action de l’humidité et les cendres se mélanger à la terre. L’arbre va déployer ses racines autour de l’oya dans l’humus inséminé des cendres. Les arbres ainsi plantés auprès des sépultures seront protégés par leur dimension commémorative, faisant du lieu funéraire un espace du renouveau pour le vivant, à la fois sanctuaire de la mémoire et de la biodiversité.

Partenaires: Polytech Orléans, spécialité Innovations en conception et matériaux (ICM) ; Pompes funèbres Caton

καιρός

Collectif KAÏROS (Amélie Samson, Manon Souchet, Eva Vedel) et le programme de recherche Objects, Crafts and Computation  

L’époque moderne nous a rendu esclaves d’un temps mesuré, chiffré, calculé, fragmenté. Pourrait-on revenir à une perception plus souple d’un temps non-fractionné, grâce à un objet qui nous encouragerait à le vivre différemment en le représentant de manière diffuse ?

καιρός est un objet contemplatif en perpétuelle métamorphose qui nous “donne le temps” et nous encourage à ralentir. 

Le temps y est matérialisé par un changement d’état lent et progressif. Peu à peu, l’eau présente dans la vasque s’évapore et s’infiltre dans la matière poreuse, révélant alors un paysage créé numériquement inspiré des formes naturelles (deltas, canyons…). La répétition des cycles d’évaporation et d’infiltration de l’eau crée des dépôts dans les anfractuosités et sur les surfaces, métamorphosant l’objet de façon singulière et non contrôlée sur le temps long.

Scrolling CO2 – Data sculpture critique

Antoine Blouin et le programme de recherche Objects, Crafts and computation

Scrolling CO2 est issu d’une recherche qui interroge l’écologie « environnementale » et l’écologie « attentionnelle » en mettant en regard les émissions de CO2 issues de l’utilisation des téléphones mobiles et le temps que nous consacrons à leur usage. 

Le projet vise à donner une représentation physique et sensorielle à un phénomène non visible. Chaque module de porcelaine, inspiré de la forme de la molécule de carbone, pèse 137 grammes, soit le poids moyen de CO2 rejeté dans l’atmosphère toutes les 2 minutes et 40 secondes. Un Français passe en moyenne 600 minutes par semaine sur son portable.

Le dispositif se compose de modules qui se propagent dans l’espace par une logique combinatoire, organique ou organisée, invasive et multi-directionnelle. Il exprime la masse volumique de notre consommation de temps d’écran et son impact environnemental.

Workshop Permis de construire – Bruits communs

Du 15 au 17 septembre 2021, l’équipe du programme de recherche, accompagnée par Laurence Blasco-Mauriaucourt (céramiste et membre de l’Association Céramique La Borne), a mis en œuvre la construction d’un mini four à flamme directe et cuisson à haute température, dans le cadre de la manifestation Bruits Communs à Orléans.

Partenaires : Centre Céramique Contemporaine La Borne, Centre de Création Contemporaine Olivier Debré (Tours),École municipale d’art de Châteauroux, École Supérieure d’Art et de Design d’Orléans, Le Pays Où le Ciel est Toujours Bleu (Orléans), Centre d’art Contemporain Les Tanneries (Amilly), École Supérieure d’Art et de Design TALM-Tours.Financeurs : CCTHB Terres du Haut Berry, Dispositif PACT Région Centre-Val de Loire, DRAC Centre-Val de Loire, Orléans Métropole.

Workshop « Objets d’enquêtes »

Avec le collectif Design Commun dont Lysiane Lagadic et Mikhael Pommier, coordonné par Sylvia Fredriksson.

Site internet

Informations pratiques

Du 8 octobre au 3 décembre 2021
Galerie de l’ÉSAD Orléans
14 rue Dupanloup – 45000 Orléans
Théâtre d’Orléans
Boulevard Pierre Segelle – 45000 Orléans

Allumage le vendredi 8 octobre 2021 – de 17h à 18h à la Galerie de l’ÉSAD Orléans / de 18h à 20h au Théâtre d’Orléans
Exposition ouverte au public du lundi au vendredi de 11h à 19h à l’ÉSAD et aux horaires habituels du Théâtre d’Orléans
Entrée libre sur présentation du pass sanitaire

Générique

Avec Jessy Asselineau, Leslie Astier, Olivier Bouton, Lionel Broye, Marie Compagnon, Emmanuel Cyriaque, Florent Deloison, Anne-Laure Fréant, Sylvia Fredriksson, Gaël Goutard, Victor Guegan, Basile Jesset, Marie Lechner, Gunther Ludwig, Clémence Mathieu, Sophie Monville, Laurence Salmon, Amélie Samson, Manon Souchet, Morgane Stricot, Nicolas Tilly, Eva Vedel et les étudiant∙e∙s des masters Design des Média et Design des Communs

Coordination
Catherine Bazin, Emmanuel Guez, Caroline Zahnd