Dis[players]
Exposition des diplômé·es de DNSEP 2023 et étudiant·es en DSRD
au Centre d’art contemporain des Tanneries à Amilly
du 3 au 25 février 2024
Constituée en archipel de situations, cette exposition collective présente 12 artistes : étudiant·s et diplômé·es de l’ESAD Orléans qui mettent en scène diverses installations et autres displays technologiques, tapis et territoires offrant une itinérance créative propice au vagabondage et à l’introspection.
Olivier Bouton, scénographe de l’exposition, dessine un territoire fragmentaire, aux espaces ouverts. Proche d’un monde à la Dogville (Lars von Trier), la scénographie offre une expérience immersive suggérant un territoire intimiste.
Volontairement dépouillé, le plateau transporte le visiteur en lisière d’un espace théâtral qui favorise l’émergence des fictions.
Environnements disjoints, espaces disloqués, ruines, il se joue en ces lieux la rencontre à la fois de la dislocation de Benoît Goetz, de la déconstruction de Jacques Derrida et du situationnisme de Guy Debord.
Plongée dans l’ombre, elle offre paradoxalement des visibilités. Entre chaque display des espacements favorisent la circulation du regard autant que le passage vers d’autres univers.
La mise en scène fait jouer le triple sens du mot pièce : l’exposition se faisant aussi bien espace théâtral, chambre d’un logement, œuvre. L’ensemble génère les contours d’un « habitat » hors du temps qui brouille les repères spatio-temporels classiques, l’esquisse d’une figure d’un lieu partagé ou milieu traversé de vies dont la découverte en ferait apparaître les apparentements(1).
Ces états et réalités fragmentaires sont les pièces d’un puzzle que cette exposition vous propose de combiner.
À vous [players] de [dis]jouer !
Avec : Thomas Barax, Quentin Demaria, Maguelone Faivre d’Arcier, Noa Gautheron, Emmanuel Hugnot, Théo Jacquet, Yoann Lapègue, Sélia Latieule, Etienne Mosnier, Lucas Pipard, Amélie Samson et Eva Vedel (collectif Kaïros)
Thomas Barax
Appareils latents
L’acte photographique nous paraît aujourd’hui bien anodin, mais sous couvert d’en faciliter la pratique, nos dispositifs actuels influencent notre usage et nos images (automatisation, standardisation du format, surproduction d’images…).
S’inspirant des opérateurs itinérants du XIXème siècle, ce dispositif nous invite àrenouer avec les procédés photographiques anciens, jugés obsolètes, et redécouvrir les moyens alternatifs pour capter notre environnement. Grâce à des médiums annexes activés par l’artiste, le temps photographique est capté, témoignant ainsi du hors-champ temporel de la prise de vue. Les images positives finales ne sont ainsi que les cristallisations de ces différentes expériences de la photographie.
Le dispositif est proposé en libre accès afin que les publics participent à cette expérience photographique. En suivant les instructions confiées par l’artiste, chaque visiteur est invité à réaliser son auto-portrait.
Quentin Demaria
Architecture de mémoire
Nuée / Territoire atopique
Questionnant le rapport que nous entretenons avec les technologies numériques depuis qu’elles se sont imposées dans notre quotidien et dans nos usages, l’artiste s’intéresse à la conservation d’une archive personnelle face à la dématérialisation de nos supports mémoriels.
Tous les objets photographiques et textuels qui peuplaient notre boîte à souvenirs prennent aujourd’hui place
dans des disques durs et des stockages numériques. L’artiste redonne corps à ces supports en les rassemblant au sein
d’univers virtuels numériques en trois dimensions, et définit ces « territoires atopiques » comme de véritables lieux de mémoire, utilisant le virtuel comme support du réel.
Maguelone Faivre d’Arcier
Hyper
Hyper est une combinaison de dispositifs sensibles et d’expériences immersives qui amènent l’utilisateur à interagir et à se confronter physiquement aux plateformes et aux outils numériques.
Impliquant le regardeur, ce dernier est invité à éprouver le dispositif, à se connecter intimement aux médias numériques. Hyper donne ainsi la sensation d’être dans un environnement virtuel : ce dernier devient palpable, matériel et nous fait ressentir physiquement ses sur-sollicitations. Cette œuvre crée un rapport intime, connecté et tangible avec l’outil numérique, pour se sentir vivre dans ces espaces virtuels, sans pour autant perdre le contrôle de soi.
Noa Gautheron
Women’s orchestra #1
Music Backpack #1
À l’intersection entre arts numériques (art vidéo, live-coding) et arts « traditionnels » (dessin, peinture), repoussant les limites de la création venant faire coexister visuel et son, l’artiste combine l’art du live-coding avec un accessoire – un sac à dos aux allures futuristes. Renfermant le cœur et l’âme de la performance, ce sac à dos musical
détient le secret d’une symphonie codée, réalisée en live le jour du vernissage de l’exposition. Un spectacle multimédia immersif où le son et l’image fusionnent en une expérience sensorielle inédite, et dont la présence du sac à dos exprime la symbiose entre l’organique et le numérique.
Emmanuel Hugnot
Rock_series
Rock_series est une démarche de mise à l’épreuve de la technique d’impression 3D céramique.
Grâce au scan par photogrammétrie, laissant plus de liberté que les procédés d’impression numérique, l’artiste prône l’émancipation technique en créant une série de captations d’environnements, de minéraux et de matières organiques, mises en relation avec des lignes générées dans Grasshopper (un langage de programmation). L’impression 3D tente alors d’imiter et de reproduire des formes organiques issues du vivant, de la nature, tout en générant des effondrements,
de l’informe et des bribes d’éléments naturels.
Théo Jacquet
Claie de portage et de collecte
Tablette de collecte
Cartographie
Marcher pour ralentir, partir en quête de témoignages, de fragments de la réalité d’un territoire : l’expérience habitante et son archivage sont au cœur du travail de cet artiste architecte et designer.
En s’inspirant des théories biorégionales, il cherche à comprendre comment les vestiges de l’Anthropocène peuvent former de nouvelles échelles. À partir d’éléments et de paroles collectés auprès des habitants du Canal d’Orléans, des réalités viennent se superposer, des expériences humaines émergent, dessinant un nouveau territoire aux frontières poreuses et fluides.
Yoan Lapègue
Autre point de vue autour du feu
Cette œuvre explore la basse définition comme un matériau commun aux imaginaires de sa génération. En prélevant des fragments de récits possibles d’un territoire de son enfance, les Landes – aux plages peuplées de bunkers échoués et d’esprits volatiles – l’œuvre crée une ligne d’horizon et un moment sonore : le vent autour du feu, la nuit et ses secrets.
Associant souvenirs en perdition, corps de béton à la dérive et machines à jouer de son enfance, l’œuvre développe un langage visuel et sonore invitant le spectateur à percevoir son propre récit dans ces brumes où l’on discerne plus qu’on ne voit.
Sélia Latieule
Couleurs vivantes
Cartographies colorées
Rêver la Ruine
Déambulation sur le Dhuy
Atelier-Laboratoire
Éthique de la cueilleuse-coloriste
Menant un travail de référencement de toutes les couleurs végétales présentes sur différents territoires, l’artiste collabore avec les plantes et leurs couleurs au fil de ses marches, de ses errances et au rythme des saisons.
Couleurs vives de plates-bandes ou couleurs passées de friches industrielles, leur assemblage permet d’esquisser une cartographie des espaces arpentés par l’artiste. Cet apprentissage de la couleur végétale et sa curiosité pour les couleurs vivantes lui a permis d’intégrer une communauté de cueilleurs- coloristes, engageant d’autres recherches collectives et plurielles.
Etienne Mosnier
Topo[graphie]
À travers un ensemble d’artefact générique, cette installation cherche à requalifier les savoirs et les pratiques de la pierre qui ont eu cours sur le territoire d’Épernon au XIXème siècle, et qui sont aujourd’hui perdus.
Ce déploiement de figures vient faire état d’une transcription, d’une réécriture d’un patrimoine local dans des dimensions techniques et sociétales contemporaines. Par un questionnement sur l’usage expansif des ressources minérales dans nos industries, et sur la possibilité de valoriser les rebuts issus de celle-ci, l’artiste met en place des protocoles de façonnages à l’aide d’outils de fabrication numérique.
Lucas Pipard
World Wide Wave
World Wide Wave est un projet de design d’objet de télécommunication résilient se basant sur un réassemblage d’objets obsolètes.
Face à l’injonction du progrès, dans un contexte climatique incertain et une infrastructure de communication instable, d’anciennes radios et téléphones de fonction jetés par les entreprises sont recomposés par l’artiste, permettant de communiquer du texte ou des images sur les ondes analogiques, sans passer par Internet. Ce moyen de communication alternative, nécessitant ainsi moins d’énergie, se présente comme une solution écologique et résiliante.
Collectif Kaïros (Amélie Samson et Eva Vedel)
Mutation
SKULL_23
BONE_23
SHELL_23
Le travail du collectif établit une connexion entre la transformation numérique et l’évolution biologique, en présentant des sculptures créées à partir de la collection d’ossements du musée d’histoire naturelle de Londres.
Un algorithme, à l’image d’un « virus informatique », vient corrompre, modifier, détériorer le code des modèles numériques des ossements originaux. Tel un réseau racinaire numérique, les formes générées aléatoirement s’étendent autour des structures osseuses. Les courbes fluides du réseau numérique évoquent les processus organiques et mettent en lumière la fragilité de la frontière entre le vivant et le virtuel.
Informations pratiques
Les Tanneries – 234 rue des Ponts 45200 Amilly
du 3 au 25 février 2024
Ouvert du mercredi au dimanche de 14h30 à 18h
Allumage samedi 3 février 2024 à partir de 14h30
Entrée libre